Kayli Wouters tire son amour et sa passion pour la biologie marine et les sciences de l’environnement des vagues de l’île de Lembongan et non d’une salle de classe comme on pourrait le croire. L’électrochoc vient d’une présentation de Shark Guardian à laquelle elle a assisté à l’age de 15 ans avec un ami lors d’un voyage.
“Nous étions tous passionnés de plongée sous-marine, et lors de ce voyage, nous avons fait la rencontre des mantas”, se souvient Kayli, “puis un soir, après le dîner, nous avons assisté à une conférence sur les requins. L’organisation Shark Guardian était sur l’île et donnait une petite présentation dans un restaurant. Nous y sommes allés et c’était tellement instructif et émouvant qu’après cela, le sauvetage des requins fut ma motivation première. J’ai toujours pris soin des animaux et de l’environnement naturel”.
Ce moment a catalysé son dévouement à la conservation marine, une passion nourrie par la compagnie de son père lors de nombreuses sorties de plongée et par sa propre pratique du surf.
“Mon père m’emmenait également en excursion de plongée, et plus tard, j’ai appris à surfer, ce qui n’a fait qu’accroître mon amour et mon intérêt pour l’océan”.
Kayli Wouters
Diplômée d’une licence en gestion et technologie de l’environnement à l’Open University
L’étude des sciences de l’environnement se présentait comme évidence pour la suite de la carrière de Kayli. L’Open University (OU) est devenue son établissement de prédilection en raison de sa flexibilité et de l’importance qu’elle accorde à l’enseignement en ligne, ce qui lui convenait parfaitement. “La passion a pris le dessus, je crois. J’avais envie d’étudier quelque chose après mon année de césure après le lycée, mais je n’avais aucune envie d’être “coincée” quelque part pendant quelques années juste après avoir voyagé durant un an. J’ai donc eu l’idée d’étudier en ligne, et le fait de pouvoir prendre mon temps et ainsi de pouvoir voyager tout en gagnant ma vie m’a beaucoup plu”, explique la jeune femme.
Malgré les défis inhérents à l’autodiscipline et à l’équilibre entre les études et les voyages, le parcours universitaire de Kayli a été riche en croissance personnelle et en apprentissage, même s’il n’est pas conventionnel. “Il m’a fallu cinq ans pour suivre un cursus de trois ans. J’ai fait la première et la troisième année en deux fois, et ce n’est que la deuxième année que j’ai étudiée à temps plein, mais c’était en 2020, lorsque je ne travaillais pas beaucoup et que je ne voyageais pas à cause de COVID”, explique-t-elle.
“C’était un véritable défi, mais je préfère la flexibilité à un emploi du temps fixe qui m’oblige à suivre des cours à une heure et à un endroit bien précis. C’était bien sûr plus difficile lorsque je travaillais plus, que je me déplaçais ou que je me trouvais dans un endroit où les vagues étaient toujours bonnes, parce que c’était toujours une priorité. Lorsque les vagues sont bonnes, il m’est difficile de faire autre chose. Un peu plus d’autodiscipline dans ce domaine aurait été utile.
En fait, j’ai beaucoup travaillé et voyagé. Pendant mes études, j’ai vécu entre Bali, Lembongan et Lombok, puis j’ai fait des allers-retours en Australie, sans compter les petites missions de recherche de vagues pendant les grosses houles en Indonésie. Même si j’ai mis du temps à terminer mes études, l’expérience en valait la peine.”
Travailler dans une ferme perlière en Australie
Pour prolonger son séjour en Australie, Kayli a dû faire un “travail agricole”, elle a opté pour la perliculture, une idée qui lui a été présentée par le père d’un ami. “Une semaine plus tard, j’étais en train d’écailler des coquillages sur un bateau, loin en mer. C’était probablement la chose la plus aléatoire que j’aie jamais faite, mais aussi l’une des meilleures expériences de ma vie”, se souvient-elle.
“Il y avait en moyenne 25 personnes par voyage pour une durée d’environ 12 jours, avec six jours de repos. Donc 12 jours en mer avec tout le monde, puis six jours de retour à l’auberge de Broome avec presque tout le monde.
Nous étions une combinaison de matelots de pont, de skippers, d’un capitaine, de managers, de techniciens, de plongeurs et d’équipiers de cuisine. C’était un mélange de 50 % de locaux et de 50 % de routards internationaux, constitué essentiellement d’hommes”.
Le travail était dur, les journées longues et les conditions de vie pas vraiment confortables, mais l’environnement unique a permis de vivre des expériences inoubliables. “Le fait d’observer d’innombrables espèces marines sauvages telles que des requins et des baleines fut les moments les plus mémorables. Pendant la saison des baleines à bosse, nous les voyions tout le temps se reproduire, et la nuit, des tonnes de requins tournaient autour du bateau”, raconte Kayli avec enthousiasme.
La gestion des déchets plastiques fut un défi très difficile à surmonter pour la jeune femme : “essayer de faire en sorte que tout le monde se débarrasse correctement des déchets plastiques avant de nettoyer l’espace de travail à la fin de la journée a été difficile. Lorsque les coques sont insérées dans les poches des panneaux, nous utilisons des attaches de fermeture éclair pour les maintenir fermées et éviter qu’elles ne tombent. Ainsi, lorsque les panneaux étaient soulevés, nous devions couper les attaches de fermeture éclair pour sortir la coquille afin de la nettoyer. Souvent, les attaches se retrouvaient sur le sol de notre espace de travail, recouvertes d’une couche de bernacles et d’éponges, ce qui les rendait difficiles à voir et à retirer.
À la fin de chaque journée de travail, nous nettoyions l’espace de travail au jet d’eau et même si je balayais d’abord tout le sol à la recherche de plastique avant de laisser quelqu’un d’autre nettoyer la zone au jet d’eau, je suis sûre qu’il y a eu des jours où je n’ai pas tout ramassé. L’élevage de perles est une forme d’aquaculture durable, mais elle n’était certainement pas bien gérée en termes de déchets plastiques.
Nous nous rendions parfois après le travail dans de petites plages isolées à l’aide des canots pneumatiques pour faire des barbecues et des feux de joie. Même si ces plages étaient situées à des kilomètres de civilisation, j’y ai trouvé des attaches de fermeture éclair parmi d’autres déchets plastiques liés à la perliculture. Cela m’a vraiment bouleversée. Et essayer d’amener d’autres personnes à s’en préoccuper pendant le travail a également été un défi”, se souvient-elle.
L’inspiration comme moteur du bien
L’inspiration joue un rôle crucial dans la vie de Kayli, et elle la puise généreusement auprès de personnes comme son ami Steve Woods, photographe sous-marin professionnel. “Il m’a prise sous son aile et m’a fait découvrir es sites de plongée, je lui étais utile dans son travail, et je me souviens qu’il a été le seul adulte à me parler comme si j’étais une amie et non une enfant. À l’époque, j’étais tellement inspirée et j’admirais tellement les plongeurs et l’industrie de la plongée de loisir que cette acceptation signifiait beaucoup pour moi”, se souvient Kayli avec émotion.
“Depuis, le photographe a capturé d’incroyables espèces, des ours polaires aux baleines bleues, dans les conditions les plus intenses. Il a photographié pour de grandes campagnes environnementales et des publications bien établies comme Nat Geo. Aujourd’hui, il organise sa propre retraite et son propre cours de photographie sur les grizzlis.
Il est une source d’inspiration pour moi, car il a fait de sa passion un travail, et en plus d’être une belle personne, il est un défenseur acharné de la faune, de la flore sauvage et de la préservation de la nature. Je trouve que beaucoup de personnes qui défendent ces causes sont généralement chargées d’un lourd fardeau, mais Steve Woods parvient à faire de ce fardeau un espace de légèreté.
Elle ajoute : “Pour moi, le travail n’est pas seulement une question de carrière, des tonnes de gens peuvent travailler dur pour avoir une bonne carrière. Le travail difficile consiste à trouver un équilibre entre sa carrière, sa famille, ses amis et le temps que l’on passe avec soi-même.
D’après ce que je sais, il y parvient très bien et cela me donne l’espoir de pouvoir en faire autant.
Je tire mon inspiration de différentes organisations parmi lesquelles ReShark, Pandu Laut et Project Hiu.
Conseils aux futurs scientifiques de l’environnement
“Je dirais qu’il faut s’y lancer. C’est un sujet très intéressant et comme le changement climatique semble être quelque chose qui n’est pas près de disparaître, une connaissance inestimable qui vous servira dans la vie de tous les jours.
Contrairement à moi, je recommanderais de passer par une université, uniquement parce que je pense que j’aurais retenu des informations plus spécifiques si j’avais eu des camarades de classe avec lesquels j’aurais pu discuter en personne.
Enfin, ne vous limitez pas aux domaines et rôles traditionnels du travail. La définition d’une carrière évolue et innove constamment, alors n’ayez pas peur d’essayer de nouvelles choses. Expérimentez tout et n’hésitez pas d’ajouter une créativité à vos compétences afin de trouver le travail ou la vie qui vous rendra heureux”.
Grâce à ses expériences, Kayli continue non seulement à entretenir son lien avec l’océan, mais elle incite aussi les autres à prendre en compte leur impact sur le monde naturel. Pour ce faire, elle milite pour un équilibre entre la recherche scientifique et les sensations irremplaçables que procurent les aventures de la vie.
En plus d’être rédactrice pour The Reef And Shark Collective, Kayli Wouters travaille comme guide de surf dans les îles Mentawai (Indonésie), suivez ses aventures à travers les vagues ici.
Lire l’article de Kayli sur l’élevage de perles.